Publié en 1920 aux éditions « Gallus ».
[32 p].
L’ouvrage est dédié « A / la mémoire / de / ma femme / MARIE-DENYSE / En / souvenir / de la naissance / de / mon enfant / FÉLICIEN ».
Une précision à la fin de l’ouvrage : « N.-B. — L’auteur rappelle que, nonobstant le ton personnel, tout ce qui précède est un poème et non une page de biographie. »
Table des matières :
La Gloire
Les Transes
Les Litanies
Les XIV Stations
Le livre et la critique :
- J. V.-B., « Le Carnet des Lettres et des Arts », in Comœdia, 25 mai 1920, p. 2 :
Rarement le titre de poète fut mieux porté que par ce parfait lettré : Fagus. Son œuvre harmonieuse est un vaste poème où abondent les images les plus divers et les rythmes les plus imprévus. M. Fagus donne aujourd’hui : La Prière des Quarante Heures ou Les XIV stations sous l’Horloge du Destin. Nous y retrouvons ces hautes qualités qui ont mis leur auteur au rang de nos meilleurs poètes contemporains :
Aimer, c’est mourir.
Mourir pour renaître en l’être qu’on aime
Et ne plus vivre en soi et vivre à même lui ;
Vivants ou morts, enfant je t’aime,
Femme je t’aime,
A travers lui.
Tout ce poème est dans cette note émue et fervente.
- Le Tapin, « On dit… », in Le Rappel, 1er juin 1920, p. 1 :
Parmi les livres de vers récemment parus, un de nos amis nous signale La Prière des Quarante heures ou les Quatorze Stations sous l’Horloge du destin, de M. Fagus. C’est, nous dit-il, le « poème de la passion conjugale et de la naissance de l’enfant ».
Le titre en est un peu long, mais les vers en sont assez courts, ce qui fait compensation.
Citons cette strophe de la douzième station :
C’est un oiseau bleu
Qui m’est descendu
Grimoire menu
Menu chiffon bleu
Mon cœur morfondu
Ne l’espérait plus.
Hé ! hé ! En effet, ce n’est pas ordinaire.
- L. Méritan, « Les Lettres », in L’Homme libre, 23 juin 1920, p. 2 :
M. Fagus, dont on lit périodiquement les poèmes dans le supplément littéraire du Gaulois célèbre son mariage sur la lyre. Quoi d’étonnant ! L’œuvre de M. Fagus se divise en deux cycles : le païen et le mystique. La Prière des quarante heures (fragment de La Guirlande à l’Épousée), associe les deux manières :
Le plaisir s’enfuit avec l’heure, —
Le bonheur est une fusée !
Abondance, fantaisie, vigueur du trait, tout y est. M. Louis de Gonzague-Frick nous informe, aussi, que M. Fagus est un prosateur qui a le don de faire circuler une sève rajeunissante dans les sujets les plus ardus. Réunira-t-il dans un volume son histoire de France, écrite avec les flammes de la passion, et si riche en aperçus originaux. Il livre avec une fière allure le grand combat à Lucifer. Traducteur de Virgile, M. Fagus nous offrira des Bucoliques, épigrammatiste il nous donnera le Clavecin bien tempéré, dramaturgiste quatre essais sur Shakespeare, Molière, Corneille et Racine, érotologue un Traité sur l’Amour, sur l’amour conjugal, dont il est le héraut magnifique : le panégyriste dont le chant s’élève et s’incurve afin de protéger, comme d’un bouclier, ce beau jardin nuptial contre tout ce qui n’est point grâce, noblesse et harmonie…
- Orion, « Le Carnet des Lettres », in L’Action française, 14 août 1920, p. 2 :
C’est un poète catholique, c’est un poète de l’amour et ces deux accents de son être sont inscrits sur l’ardent visage, au grand front, aux yeux bleus, à la barbe dorée. Il fait penser à un saint d’église qui aurait eu sa vie terrestre bien tourmentée par toutes sortes de démons. Il a deux Muses, l’une d’une suavité mystique ; l’autre gaillarde, avec un tour français et gaulois. Il est apparenté à la fois au symbolisme et au XVIe siècle, cependant qu’il goûte un Stendhal. Il a dans ses cartons, lui aussi, un Racine et Shakespeare, où seront résolues probablement plusieurs antinomies où l’on s’est trop longtemps heurté.
Et Fagus a publié (enfin !) aux éditions « Gallus » un nouveau recueil de poèmes : La Prière des Quarante Heures. Le livre a deux sous-titres (Les XIV stations sous l’horloge du Destin — fragment de La Guirlande à l’Épousée), parce que, dans l’esprit et dans l’oeuvre encore inédite de Fagus, il se relie à un ensemble, ilest partie d’un seul long poème, disant la vie d’un homme. La sienne, dans une certaine mesure, qu’il ne faut pourtant pas s’exagérer. L’événement lui tire une chanson, comme le voulait Goethe, colorée par les circonstances particulières et faite cependant pour rendre sensible l’auditeur (la foule !) à la douleur, à la joie du poète, pareilles aux vôtres, dont vous ne sentiriez pas la beauté si le poète ne les exprimait.
La Prière des Quarante Heures s’ouvre par une ronde :
Vous voilà donc enfin
Madame la mariée,
Vous voilà donc enfin
A votre époux liée
Avec un long fil d’or
Qui ne rompt qu’à la mort.
La même idée que dans Lamartine :
Et l’anneau nuptial s’échangeait sur la nappe,
Premier chaînon doré de la chaîne des nuits…
Fagus dira l’amour conjugal, la naissance d’un enfant, le danger de la maternité, l’anxiété de l’époux, son bonheur inexprimable. La prière finale est adressée à ce fils :
Ta femme et toi, pour dot quand tu te marieras,
Échangerez le deuil, l’angoisse et la misère…
Et vous vous aimerez ; des enfants vous viendront,
Et vous les bénirez comme je fais moi-même,
Et sur vous sans vieillir les siècles tourneront,
Ramenant chaque fois le sanglotant baptême.
Mais, si Dieu veut, nous nous retrouverons enfin,
Délivrés du fardeau des mortelles misères,
Dans le ravissement sans mesure et sans fin
Et le vertigineux repos dans la lumière…
D’un art quasi « symboliste » (pour dire les choses grossièrement), trop attentif souvent à des nuances trop exceptionnelles, le poète s’est élevé à cette harmonie, à cette ampleur, à ce chant sublime.