- Léon Deffoux, « Les Matinées poétiques de la Comédie-Française », Le Petit Journal, 5 mai 1923, p. 4 :
À la matinée d’aujourd’hui, M. Paul Numa lira la notice suivante sur le poète Fagus, dont Mme Dussane dira des poèmes.
Fagus est né le 22 janvier 1872, à Bruxelles, où son père avait dû s’exiler après la Commune. Je suis, a-t-il précisé lui-même :
Fils du Champenois et de la Mancelle,
Brabançon d’œil brun, Gaulois de poil blond,
Conçu dans Paris, natif de Bruxelles,
Rue des Moineaux, 9, près le grand Sablon.
À Paris, sa culture littéraire se développa en pleine période symboliste. Ses premières œuvres portent la marque de cette époque. Il est, aujourd’hui libéré de toute influence étrangère, maître de sa pensée, comme de sa forme.
Ce poète est hanté par de poétiques sujets : le doute, la croyance, la négation, la foi, l’au-delà, l’immortalité de l’âme. On le sent tour à tour aussi fervent, aussi désespéré, aussi instinctif qu’un contemporain de Pierre l’Ermite. Ses derniers vers s’inspirent de la tradition chrétienne sur le péché et sa sanction : la mort et le jugement.
La vie lui a été cruelle. Il travaille, depuis trente ans, à un poème unique qu’il n’a pu faire paraître que fragmentairement et qui va d’Ixion à la Danse macabre.
Le caractère humain de son art, ses qualités de cœur, son lyrisme, lui assurent des admirations de plus en plus nombreuses. On lui rend enfin justice. Souhaitons qu’il ne nous réponde pas comme son maître Villiers de l’Isle-Adam : « Que nous importe même la Justice ! »