1928 : Lettres à Paul Léautaud

Publié en 1928 à La Connaissance.
80 p.

Avant-propos de Paul Léautaud.

 

 

Le livre et la critique :

  • Maurice Rat, « Le Coin du bibliophile », Paris-Midi, 16 novembre 1928, p. 5 :

Cette Correspondance de Fagus est présentée par M. René-Louis Doyon, éditeur, d’une façon aussi originale qu’attrayante. Le volume est à la fois un volume et une enveloppe : au verso de l’enveloppe-couverture, avec la mention Recommandé, l’adresse : À Monsieur Paul Léautaud, bon écrivain et mécréant, quelque part avec ses chats et ses chiens, Aux Soins de la Connaissance, De la part de Fagus, poète. Au recto, la devise de la Connaissance est inscrite dans un cachet de mairie (Fagus n’est-il pas employé dans un bureau de l’Hôtel de Ville ?)
Le contenu est aussi amusant que le contenant… Peut-être méchantes langues diront-elles que Fagus attache beaucoup plus d’importance à M. Léautaud, et M. Léautaud beaucoup plus d’importance à Fagus que le commun des lecteurs n’en accorde à l’un et à l’autre, — mais ce seront de méchantes langues, et qui ignorent le plus naturel des poètes, le plus cynique des vrais écrivains. Très originaux tous les deux et très pittoresques, Fagus, poète et catholique, Léautaud, antipoète et libertin, Fagus, haut en couleur et ami des « bouchons » comme Théophile, Léautaud, mince et pâle, à l’en croire, et fort sobre, se donnent la comédie dans cette correspondance et son avant-propos. Ils la donnent aussi au lecteur.

  • Henri Martineau, Le Divan, décembre 1928, pp. 480-481 :

Lucien Dubech, dans le numéro spécial du Divan que nous avons consacré à Fagus, avait déjà attiré l’attention sur les qualités d’épistolier que possède l’auteur de La danse macabre :
« Fagus écrit parce qu’il a quelque chose de très pressant à dire et, généralement, sous l’influence de la colère ; c’est pourquoi ses lettres sont des merveilles de libre jet, de flamme et d’étincelles. Ce sont à l’ordinaire des ménippées. Fagus y entrelace le vers à la prose comme la vigne à l’ormeau au pays de Virgile. Ce ne sont point de petits vers doux, tendres et langoureux comme les poètes du XVIIe siècle avaient accoutumé d’en répandre dans leurs épîtres. La poésie dans la correspondance de Fagus prend naturellement le tour épigrammatique. »
Dubech regrettait aussi qu’il soit malaisé de rendre publique les lettres d’ordinaire assez libres où le poète ne ménage rien, — M. Léautaud qui n’a jamais craint de scandaliser, vient d’avoir le premier l’heureuse idée de publier les lettres qu’il a reçues de Fagus. Il les fait précéder d’une introduction où Fagus tout entier, homme et écrivain, est peint avec une saisissante vérité :
« Je pense le plus grand bien de Fagus, mon ennemi intime, comme il se qualifie, ainsi qu’on le verra. L’écrivain, d’abord, le poète, plein de naturel, pittoresque, extrêmement lettré, et, comme poète, aussi simple qu’émouvant. L’homme, ensuite, si bien pareil à ce qu’il écrit (mérite plus rare qu’on ne croit), si franc, si simple, si désintéressé, si amusant, écrivant pour son plaisir, sans souci de l’opinion ni des résultats, vivant dans son coin, sans rien demander à personne. J’ai du goût pour les originaux, et, comme homme et comme écrivain, Fagus est un original, être rare dans les temps littéraires que nous vivons. »
Les lettres de Fagus ajoutent ensuite les derniers traits au tableau. Quel excellent esprit, quel prosateur de race, quel redoutable humoriste que mon voisin Fagus. (À peine les fautes d’impression nombreuses de cette publication en rendent-elles la lecture moins agréable, plus d’une pointe en est émoussée !) Mais Paul Léautaud n’est pas un type moins curieux que Fagus, en son genre, et les lettres de son correspondant éclairent d’un jour tout particulier et savoureux la silhouette du « petit ami ». C’est un condiment de plus dans cet opuscule de haut goût !

  • Les Treize, « Les Lettres », L’Intransigeant, 31 décembre 1928, p. 2 :

Des lettres badines, amusettes d’un homme d’esprit et de cœur, adressées à M. Paul Léautaud. La préface de ce dernier est courte, mais extrêmement pittoresque : et c’est un bel hommage rendu au talent poétique de Fagus. Ce petit livre pourrait être une introduction savoureuse à l’œuvre de Fagus.

  • D. P., Vient de paraître, janvier 1929, p. 9 :

Léautaud et Fagus sont deux originales figures de la Rive gauche. Sous sa pèlerine, avec sa barbe de franciscain, Fagus, c’est Jean-Jacques ; Léautaud, avec son hideux sourire, c’est Voltaire. Fagus, mystique et bon biberon, fait avec Léautaud, abstineur et ricaneur, un curieux contraste. Fagus a des côtés de Max Jacob. Comme Max Jacob, il est favorisé de visions et d’extases, et cela fait bien rire son compère Léautaud, mais on ne prend pas Fagus sans vert et il sait toujours quoi répondre. Les conversations qu’ils ont en s’en allant côte à côte sur les étroits trottoirs de la rue de Seine, doivent être plaisantes, si elles ressemblent à la correspondance dont on nous fournit aujourd’hui un échantillon.

  • Gabriel Brunet, Mercure de France, 1er février 1929, p. 641 :

Savez-vous que nous possédons en notre époque de vitesse, d’affaires et d’absence de loisir un épistolier savoureux ? Cet épistolier n’est autre que le poète Fagus. M. Paul Léautaud, ami de Fagus, a eu la bonne idée de réunir en un volume les lettres que Fagus lui écrivit et nous lui en sommes tout à fait reconnaissants. La préface de M. Paul Léautaud est vraiment un morceau exquis. Il nous fait de Fagus un portrait spirituel et ému qui nous donne pour lui vive sympathie. De Fagus, il aime la franchise, la simplicité, le désintéressement et le parfum d’originalité propre à l’homme qui vit à l’écart, uniquement occupé de se plaire à lui-même et de suivre sa fantaisie. Et comme elle paraît piquante, l’amitié de ces deux hommes dont l’un est croyant, royaliste et patriote, et l’autre mécréant et sans nul respect pour l’institution politique et sociale. On prend plaisir à se les imaginer à la fois inséparables et en perpétuel désaccord, mais liés l’un à l’autre par leur gaîté, leur besoin de rire de tout et d’abord d’eux-mêmes.
Quelle verve dans ces lettres de Fagus ! Quelle gaîté de bon aloi ! Quel mélange de sérieux et de gouaillerie ! Quelle belle langue, pleine de verdeur et d’esprit ! Et ce piquant qui naît de ce que Fagus sent son intelligence en désaccord sur toutes questions avec celle de Léautaud, alors que les tempéraments profonds se sentent secrètement accordés. Il y a plaisir à lire ces lettres où apparaissent tous les mouvements d’humeur d’un esprit vif, alerte, primesautier, à la fois naïf et raffiné et qui nous permet de penser qu’il est encore en France du naturel et de l’esprit.

Commentaires fermés.