- [anonyme], « Les derniers vers de Fagus », Marianne, 3 novembre 1937, p. 6 :
Le lundi 8 novembre — qui est le jour des Saintes Reliques, ce dont le chrétien véhément des premiers âges qu’était Fagus se fût réjoui — les amis, fervents et fidèles qu’il a laissés dans son passage humain célébreront le quatrième anniversaire de sa mort.
Comme Verhaeren et Mendès furent victimes du chemin de fer, comme Dorchain, Latouche et Willy furent victimes des automobiles, c’est au soir du 8 novembre 1933 que, dans sa chère vieille rue Visconti, où il vivait en « tournebride » aurevillien depuis tant d’années, parmi les fleurs, des livres et de l’amitié, Georges Faillet, le ponctuel fonctionnaire, Fagus à la barbe joyeuse, fut, au seuil de sa maison, renversé par un camion et tué.
Il venait, quelques instants auparavant, de confier à la poste une enveloppe qui porte, sur son cachet, cette heure, l’heure approximative de sa mort : 19 heures.
Fagus, l’auteur de la Guirlande à l’Épousée et du Colloque sentimental, envoyait, à l’un de ses amis parmi les plus jeunes, huit petits vers affectueux, pour célébrer son mariage. Ce sont les derniers vers qu’il écrivit…
Confrère Henry Mercadier,
Que mes vœux de bonheur
Vous volent apporter
Cent saisons tout en fleur,
Tout en prospérité,
Où vibre votre cœur,
Sous l’étrange tiédeur
D’un immortel été…
Sans doute ce huitain n’ajoutera-t-il rien à la gloire de Frère Tranquille. Fagus n’était pas un poète de circonstance. Cependant, ces vers furent écrits quelques instants avant sa mort. Ils contiennent sa dernière idée d’écrivain, son dernier vœu d’amitié, son dernier souci de poète. Ils méritent d’être connus.