- Guy de Montgaillard, « Fagus », L’Avenir des Hautes-Pyrénées, 26 novembre 1933, p. 2 :
Deux jours après la mort de Jean Rictus, ce poète si éloquent des Soliloques du Pauvre, voici qu’un de ses confrères qui puisait son inspiration aux mêmes sources populaires, est écrasé par un camion en sortant de chez lui pour aller acheter son journal.
Mais il n’y avait point la même force de personnalité chez Fagus, de son vrai nom Georges Faillet, qui naquit à Bruxelles, le 22 janvier 1872. Fils d’un communiste qui avait été un actif propagandiste, qui se réfugia à Paris, où il devint conseiller municipal, le poète avait des opinions tout à fait différentes. Il était pieux, il était royaliste et il n’aimait pas les braillards populaires.
Entré dans les bureaux de la Préfecture de la Seine presque dès la lin de ses simples études à l’École communale, Fagus se forma tout seul. Aussi garda-t-il dans ses écrits une langue assez peuple. Cela ne l’empêcha point, grâce sans doute à son oncle, Félicien Faillet, qui était secrétaire de la rédaction de l’Illustration, de publier des chroniques au Correspondant, aux Marges et au Mercure de France.
Fagus fit paraître tour à tour ces recueils de poèmes qui le placent parmi les trop rares poètes chrétiens de notre époque : les Éphémères, Pas perdus, Ixion, la Danse macabre, la Guirlande à l’épousée, Frère tranquille. Il y mélangea aux élans lyriques une ironie sans méchanceté.
Fagus meurt pauvre comme le malheureux Jehan Rictus. Mais tandis que celui-ci passa son existence seul, dans sa mansarde, au pied de Montmartre, Fagus, plus sociable, s’attablait volontiers chez quelque bistrot de la rue Saint-André des Arts.
Et voilà disparues deux étranges, douloureuses, curieuses figures des lettres parisiennes…