- Léon Deffoux, « Mort du poète Fagus », L’Œuvre, 10 novembre 1933, p. 2 :
Le poète Fagus — pseudonyme de Georges Faillet — est mort mercredi soir, à l’Hôpital de la Charité. Il venait d’être renversé à la porte de son domicile, sur, le trottoir, 12, rue Visconti, par un camion automobile.
Fagus était né le 22 janvier 1872, à Bruxelles, où son père, Georges Faillet, avait dû s’exiler après la Commune.
À Paris, sa culture littéraire se développa en pleine période symboliste. Ses premières œuvres portent la marque de cette époque. Mais à partir de 1906, lorsqu’il donna à la Revue de Champagne son recueil Jeunes Fleurs, qui contient des fragments du Massacre des Innocents, et la première version de la Dévotion aux princesses, il était maître de sa pensée comme de sa forme et libéré de toute influence. Sur des thèmes d’accent populaire, il traita toujours de pathétiques sujets : le doute, la croyance, la négation, la foi, l’au-delà, l’immortalité de l’âme.
Dans Ixion, comme dans la Danse macabre, dans Frère Tranquille, la Guirlande à l’Épousée ou dans ses essais sur Shakespeare et sur Les Préjuges ennemis de l’Histoire de France, on le sent aussi fervent, aussi désespéré, aussi instinctif qu’un contemporain de Pierre l’Ermite. Un « homme du Moyen-Âge », a-t-on dit, non sans raison, de cet écrivain à la pittoresque silhouette drapée d’une pèlerine et coiffée d’un béret.
Le caractère humain de son art, ses qualités de cœur, son lyrisme lui avaient acquis, avec de tendres amitiés, des admirations fidèles. En ces dernières années, on lui rendait enfin justice. Et lui, affectueux et bougon, lorsqu’on lui disait cela répondait, comme son maître Villiers de l’Isle Adam : « Eh ! que nous importe même la justice ! ».