Élie Richard, « Tristan Derème ou le dompteur qui n’est pas mangé »

  • Élie Richard, extrait de « Tristan Derème ou le dompteur qui n’est pas mangé », Le Siècle, 2 décembre 1926, p. 1 :

Dans cette boutique de Passy, vous souvient-il, Fagus, d’un dîner où Tristan nous réunit, quelques compagnons. Il chantait alors :

Viendras-tu rallumer les lampes
Et ma vie, amour que j’attends ?
J’ai des cheveux gris sur les tempes
Et je n’ai pas encor trente ans…

En sortant, nous marchions un peu de travers, sous la nuit fraîche et lui, qui a une mémoire insondable, récitait des vers. Vous pouviez jeter un nom, Virgile ou Tzara, Théophile, Delille ou Tartempion, il les savait tous. C’était un monstre.
Il improvisait, un parapluie sous le bras, la voix chaude comme une liqueur, Les Appas de la vertu ou l’Homme sensible, cette élégie où l’on ne sait si c’est le burlesque qui l’emporte sur la tristesse, ou bien ces épigrammes :

Garçon, apportez-moi du fiel dans un grand verre !

Fagus, dédaignant nos bocks démocratiques, vous demandâtes un verre de vin, au café des Tourelles, et on n’en put trouver dans toute la maison !

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