- Maxime Brienne, « Informations », L’Action française, 23 mai 1921, p. 2 :
Tout s’explique ! Je vous dis que tout s’explique ! Mon Dieu, les choses par elles-mêmes ne laissaient pas d’être assez claires déjà. M. Souday, critique, informait Paris, l’autre jour, à midi tapant : 1° que M. Fagus n’était présenté comme poète que par ses amis ; 2° que M. Fagus signait des platitudes rimées ; 3° que M. Fagus n’est pas sorti du Néant, encore que cet établissement, sis boulevard de Clichy, soit clos, il me semble.
Comme, précédemment, M. Fagus avait inséré M. Souday dans une épigramme que celui-ci prenait la peine de citer, tout le monde a pris déjà la sévérité du critique comme une manifestation d’exemplaire impartialité.
Mais on ne savait alors jusqu’où va cette vertu soudaïque !
Or, voici que le poète veut bien me prévenir que jamais il n’a envoyé d’exemplaire de ses livres, albums de publications à M. Souday. Voilà pourquoi, très naturellement, M. Fagus lui apparaît captif encore du Néant, c’est-à-dire qu’en pratique il ne lui apparaît pas du tout ! Comment sait-il que M. Fagus gît en ce néant sur un lit de platitudes rimées ? Que ce sont des platitudes ? Ou seulement qu’elles sont rimées ? Ici j’objecte qu’en tout cas, Fagus a signé parfois de douces assonances, en vieilles chansons.
M. Souday pousse donc la crainte de voir sa pensée, son jugement troublés, énervés par l’expression de quelque manière de voir, foi de conviction à lui désagréable, il pousse donc, pour dire le mot, le souci de son impartialité jusqu’à ne point lire les gens qu’il juge ! Pour les juger plus librement !
Quant à dire que les personnes qui savent que Fagus est un poète (pour l’avoir lu) sont devenues ses amis, c’est le plus délicat et le plus juste des hommages.