Publié en 1921 à la Librairie Edgar Malfère, « Bibliothèque du Hérisson ».
240 p.
Un avertissement « Au lecteur » : « Ce poème entre dans l’ensemble qui, sous l’argument général « STAT CRUX DUM VOLVITUR ORBIS », comporte : Le Massacre des Innocents (publié partiellement sous le titre Jeunes Fleurs : 1906) ; La Guirlande à l’Épousée, que voici ; Lucifer, inachevé ; Frère Tranquille (inédit, publié dans la Revue de Hollande : 1918) ; Ixion (édité en 1903) ; La Danse Macabre (édité en 1920) ; L’Évangile de la Croix et La Croisade de l’Antéchrist (inachevés). Des fragments de La Guirlande à l’Épousée ont paru, passim, à partir de 1901, dont La Prière de 40 heures (Éditions Gallus). »
Une « Dédicace » : « Benedic, Domine, annulum hunc… / Ut quae eum gestaverit, fidelatem integram suo sponso tenens, in pace et voluntate Tua permaneat, atque in mutua Charitate semper vivat… / Uxor tua sicut vitis abundans in lateribus domus tuae / Filii tui sicut novellae olivarum in circuite mensae tuae. »
Table des matières :
Dédicace
Selon Verlaine
LA COURONNE DE MARGUERITES
Dionysia
Matutina
Une plume tombe
Volvitur Ixion
Âme sentinelle
Cri de guerre presque d’été
Sérénade
Aubade
Quadrupedantes
Pantoum nègre
La Bradamante
Denyse, je vous aime
Grelots
Ombre
Déchirements
Énigme
Noirceurs, blancheur
Offrande
Chanson de route
Cantique des Cantiques
Une rose sous l’arc-en-ciel
Orgues dans le vent
Lychnis
LA COURONNE DE MYOSOTIS
A la missive endeuillée
Carolle fleurie
Nocturne
A fond de cale
Grand’garde
Gaston Phœbus chante
Aurore
Miranda
A la dérive
Bianca vestita
Dict du chevalier qui se souvient
Pantoum
Élévation
Trilles
Odelette d’avril
Pimpon d’or
Au buis bénit
Carillon de Samedi-Saint
En la ville aux portes d’or
Ode à la fiancée
Vitrimont
Chanson pour ma reine Mab
Au gui l’an neuf, au gui nouveau
La ville auprès du bois dormant
Masques
Gigue pour enterrer la XIIe nuit
Là-haut sur la montagne
Ode à la joie
Parthénis
Rondel fleuri
LA COURONNE DE ROSES
Tremblement
Les Mains
Le givre sertira ses roses de cristal
Châteaux en Belleville
Lendemain
Clorinde
Giroflée à cinq feuilles
Le Concile féerique
Prisme
Grappes à ma vigne
Soir de noces
LA COURONNE D’ÉPIS
Hymen
Extase
Soir sur la terrasse
Clair de lune quand le clochait sonnait douze
Sistre
École buissonnière
Vol plané
Épithalame
Gazouillis
Un corbeau
Nuage sur azur
Vertige
La Gloire
LA COURONNE D’ÉPINES
Les Transes
Les Angoisses
Les Litanies
Lys et l’un de vous tous
Sous l’Horloge du Destin
LA COURONNE DE LYS
Bénédiction
O Beauté, d’où sors-tu ?
Fort comme la Mort
Le Lit
Prière
Fiat voluntas Tua
Le livre et la critique :
- Gilbert Charles, « Les Poèmes », in Le Divan, janvier 1922, pp. 31-32 :
Après La danse macabre, voici que Fagus nous offre un nouveau poème. Quelques milliers de vers ; les fragments d’une œuvre énorme : Stat crux dum volvitur orbis. Et c’est bien en effet cette phrase qui donne la clef de sa pensée. Dans le tourbillon de la vie (comme dirait Georges Ohnet) l’espoir du poète s’attache à l’immobile croix. Je te salue, croix, espérance unique. Personne n’a mieux rendu que Fagus la gravitation des astres et la frénésie des passions. Il est soulevé par une ivresse cosmique, — et prophétique.
L’on pense bien que, dans un ouvrage de cette étendue, on pourrait aisément relever des négligences assez nombreuses. Mais aussi bien un torrent roule-t-il des débris dans ses eaux…
Et puis le vers de Fagus, si facile qu’on le puisse parfois trouver, si lâché si l’on veut, il reste quand même un vers, bondissant et ailé. Et si une critique tant soit peut sourcilleuse pourrait parfois s’alarmer, que de mouvements magnifiques la sauraient éblouir !
C’est une poésie toute animée par une sombre et divine ardeur :
Qu’une radieuse démence
Nous envole vers l’inconnu :
Flambe, plaisir ! chante, souffrance !
L’heure de revivre est venue.
Ainsi chante Fagus dans cette Ode à la joie qui est une des plus sûres beautés de son livre.
Mais ce poète a une vision terrible de l’amour : il a l’horrible désir de la femme, monstre affreux, réceptacle de tous les vices et l’amour extasié de la femme, perfection suprême, image de la Vierge. L’ange et le démon, chers à la mystique catholique et à Victor Hugo. « Démon infâmement femelle », dit Fagus.
Il chante la chasteté « toute pleine d’yeux d’enfant ».
Et il fait appel à l’enfant pur qui le délivrera du mal :
Car tu la guériras, l’âme errante, suivie
Par le fouet sépulcral des Ménades d’en bas ;
Tu la reconduiras dans la blanche patrie,
Jeune fille, cette âme en proie aux noirs combats,
Et je devrai baiser la neige de tes pas !
Au demeurant tout n’est pas aussi tendu dans l’œuvre de Fagus. Parfois le poète s’abandonne à la tendresse et il écrit des petites chansons charmantes et faciles, pleines de traits de la plus retorse ingénuité :
Les fastes et les palmes,
Ma douce, ma fidèle,
Et les extases calmes
De là-haut, nous appellent…
Mais que dites-vous de ce vers rigoureux et subtil
L’aurore a dévêtu sa robe d’hyacinthe.
- André Thérive, « La Vie littéraire », in La Revue critique des idées et des livres, janvier 1922, p. 39 :
Après ces poètes traditionnels il convient de citer Fagus, la Guirlande à l’épousée (Malfère) ayant fait récemment l’objet d’une publication d’ensemble. Ce long poème, où tout est rythme, danse, saccades ou gambades, revêt naturellement l’aspect des chansons populaires et c’est là un folklore bien savant et bien curieux : Verlaine, Rutebeuf, Mallarmé s’y font entendre ; il y a beaucoup de faunes dans ce recueil, et de diablotins et de magots ; mais le chant y est si simple et si direct qu’on croit l’entendre seul, et c’est la voix de Fagus, seigneur à qui il faut rendre les armes.
- Marcel Martinet, « Quelques livres », in L’Humanité, 8 janvier 1922, p. 4 :
Il y a en Fagus un tourbillon de poètes ; nos vieux versificateurs de la fin du moyen âge, et Verlaine, et Villon, et Musset, et nos classiques, les chansonniers populaires, les symbolistes se battent en lui. Et il y a Fagus, l’un des plus indépendants des poètes qui comptent aujourd’hui, désordonné et pur, voix violente et chant ingénu, plein de terreurs et plein d’extases. A la Guirlande à l’Épousée, je préférais la Danse macabre, publiée l’an dernier dans la « Bibliothèque du Hérisson », et dont l’âcreté semblait mieux répondre au tempérament de l’auteur ; mais dans ce recueil aussi on cueille de bien jolies choses, un peu hagardes parfois, parfois quintessenciées, souvent calmes et tendres, presque toujours fraîches, colorées, naïves… N’oublions pas de dire que Fagus, esprit fantasque et cœur bondissant, se croit catholique romain et royaliste : bon témoignage du désordre de pensée de notre époque.
- Paul Aeschimann, in Les Marges, février 1922, pp. 149-150 :
Le génie de Fagus est ample et divers. Certains, et je suis de ceux-là, peuvent aimer davantage la « Danse macabre». Mais cela ne veut pas dire que la « Guirlande à l’Épousée » lui soit inférieure. A vrai dire, le long poème convient mieux à Fagus que la pièce courte où son emportement, son lyrisme frénétique ne peuvent se développer à leur aise, n’ont pas le temps de lancer mille éclairs. Mais combien sont-ils aujourd’hui les poètes qui peuvent nourrir et construire sans s’essouffler, de vastes poèmes ? Nous avons d’exquis joueurs de flûtes, mais l’homme orchestre, où est-il ? On l’entend dans l’œuvre de Fagus. Toutes les nuances de l’amour chatoient dans la « Guirlande à l’Épousée ». Certains passages font suite directement à la « Bonne chanson ». Nombre de strophes où des mètres courts sont employés, rendent une musique toute verlainienne. Mais on chercherait en vain chez Verlaine une effusion de joie lyrique telle qu’elle s’élève de « la Ville aux portes d’or » :
C’est tant de ruisseaux et si clairs,
Et si remuants, que l’on pense
Les grelots du soleil qui dansent
Dans le tumulte des champs verts
Des bals d’éclairs !
La technique de Fagus est savante par endroits. Elle n’est pas toujours à la hauteur de l’inspiration. Mais le poète de « Guirlande à l’Épousée » crée sa forme qui est raisonnée et audacieuse.
Il s’appuie sur de fortes traditions, mais il n’a rien, heureusement, d’un néo-classique.
- Les Treize, « Les Lettres », in L’Intransigeant, 28 février 1922, p. 2 :
C’est, pris d’ensemble, le poème d’un grand amour, de toute une vie depuis les fiançailles jusqu’à une tombe prématurément creusée.
C’est un beau livre plein de ferveur, d’une sincérité limpide, chaleureux, vivant et fort. Cette poésie vraie, pénétrante, coule de source. Elle atteint, dans les très belles pièces, cette grande simplicité paisible, signe toujours qu’une âme a atteint son altitude suprême.
Fagus est maintenant maître de sa forme comme il est maître de sa pensée et de la plénitude de son sentiment. Il peut dire — et il dit — simplement ce qu’il a à dire : émoi d’amant, d’époux, de père, espoir en Dieu, sans forcer sa voix naturellement juste et forte.
- André Fontainas, « Les Poèmes », in Mercure de France, 1er mars 1922, p. 455-456 :
D’un fervent entrelacs de couronnes fleuries, marguerites candides, myosotis émus du souvenir, roses profondes et éclatantes, épis mûrs, épines hélas ! qui navrent et déchirent, lys purificateurs et sanctifiants, se tresse sous les doigts experts de M. Fagus La Guirlande à l’Épousée. Ce volume nouveau, bien qu’une partie en ait été naguère révélée par les « éditions Gallus », prend place, ainsi que la Danse Macabre, dans l’ensemble médité, mais encore inachevé Stat Crux dum volvitur Orbis. C’est suffisamment indiquer, en dépit de la fraîcheur ou parfois le tourment des effusions chastes ou violentes du désir, de la passion, le délice de la possession, que ce livre ne se forme point de cris intimes arrachés par la vie à son auteur, mais qu’il s’ordonne en fiction parfaite au gré de son vouloir très réfléchi. Il y a, du reste, équilibre entre les poèmes de chaque partie, comme il y aura, on le présume, équilibre entre les tomes divers de cet ensemble promis.
Par là, peut-être, M. Fagus, qui prône volontiers les vertus de l’impromptu et du désordre,
J’aime le mouvement qui déplace les lignes ; j’abhorre certain équilibre, que vous autres révérez…
Je hais cette symétrie qui à tout prix se complète… obéit, quoique il en soit, à des lois mystérieuses, inéluctables, à son insu, ou ironiquement. Il se complaît, aussi, d’allusions à peine marquées ou tantôt d’une intention plus appuyée, à se souvenir des modules d’expression, ou des images familières, ou de rythmes propres à certains de ces grands devanciers, que ce soit Tristan ou Verlaine, Rimbaud, Claudel, Mallarmé, Baudelaire, ou, en le parodiant sardoniquement, Hugo, ou tel passage des Anglais aimés, de la Bible ou des Anciens, mais une force tumultueuse irrésistiblement emporte dans le vertige de son enthousiasme chanté l’artifice de ces rappels qui s’effacent et se fondent dans la masse. Qu’importe ? M. Fagus demeure un lyrique éperdu, dont la fantaisie se ploie aux mille phases du sentiment, de la joie éprouvée, de la douleur ressentie. La Guirlande à l’Épousée est un beau livre de poète, plein d’hymnes, d’idées frêles ou véhémentes, caressantes ou désolées, de longs thrènes familiers et d’oraisons repentantes et confiantes.
- ?, « La Guirlande à l’épousée, poèmes, par Fagus », in L’Ère nouvelle, 10 avril 1922, p. 3 :
Notre temps, que l’on proclame si déshérité sous le rapport du génie poétique, notre temps possède un poète aussi grand que Verlaine, aussi grand que Baudelaire : Fagus porte dans notre siècle la couronne souveraine que Ronsard a portée. « Sinon Fagus, a écrit M. Thérive, le judicieux critique, qui de nos jours nourrit encore un génie ? » D’autres encore s’en sont aperçus, et quelques-uns l’ont dit.
Alors que tout le monde connaît les « Dadas » et M. Jean Cocteau, alors que de médiocres versificateurs siègent à l’Académie, conférencient aux « Annales », font enfin un bruit éphémère, mais dont ils ne laissent pas de profiter, la renommée de Fagus ne dépasse point suffisamment les milieux littéraires. Alors que bien des faux hommes de lettres sont conservés en tant que conservateurs dans les palais ou les musées nationaux, obtiennent d’avantageuse prébendes. Fagus est pauvre. Fagus, pour vivre, use ses journées à des besognes d’expéditionnaire.
N’attendez pas non plus qu’on donne de ses vers dans nos très grandes revues, « soutiens de l’influence et de l’esprit français », ni qu’on en lise aux matinées poétiques de la Comédie-Française ni qu’on le décore à cinquante ans passés ni qu’on le soutienne. Non. Rien.
Tout cela n’empêchera pas la gloire de Fagus de rayonner un jour. Mais ce qu’il faudrait éviter, c’est que cette gloire ne soit qu’une gloire posthume.
La poésie de Fagus, du reste, n’est pas une poésie compliqué, hermétique, inaccessible au public profane. Elle parle puissamment aux sens, à l’âme, au cœur. Elle est humaine, elle est passionnée.
Du recueil excellement présenté qui vient de paraître sous le titre : La Guirlande à l’épousée, nous extrayons ces vers particulièrement émouvants :
…ultima necat (p. 204)
— Eh quoi ! cette suée d’horreur,
Ce ruissellement de souleurs,
Ne s’est donc pas encore tari,
Ou ne va-t-il jamais tarir ?
Et les destinées rancunières
Nous repoignardent par derrière :
Moriere, il faut mourir !
O mauvaise fée, envieuse
Fatalité, lâche et hargneuse,
Némésis, scélérate, gueuse,
Tous nos bonheurs ressuscités
Elle les reprend, la mégère,
Et joyeusement les lacère,
Et les piétine sur la terre :
Il faut mourir, moriere !
Il faut mourir, il faut mourir :
Je t’entends rire et retentir,
Glas féroce à nous avertir
Que nos joies sont rien que désirs
Assez juste pour altérer
Du vrai bonheur, et qu’au moment
D’étreindre une nuée fuyant,
La mort nous ricane : — Viens-t’en,
Il faut mourir, moriere !
……………………………..
Peut-être à cette heure es-tu morte,
Oh ! comble de l’horreur ! la porte,
La porte qui s’ouvre m’apporte
L’affreuse annonce en vain niée
Et que j’attends ! L’air sent la mort,
Je sens la mort, tout sent la mort,
Tout me hurle : la mort ! la mort !
Il faut mourir, moriere !
……………………………..
Peut-être, oui ! juste à cette heure,
Cher cœur, loin de notre demeure,
Loin de tout, loin de moi, tu meurs,
Loin de mon baiser implore,
Seule, seule ! Il n’y sera pas
Pour retenir entre ses bras
L’âme sublime qui s’en va :
Il faut mourir, moriere !
Oui, souffle sublime, et suprême
Battement d’un cœur, quoi, pas même ?
De quoi sert-il, ô Dieu ! qu’ils s’aiment
Comme on ne s’est jamais aimé ?
La consolation dernière
Ils ne l’auront pas, et la bière
Te livrera veuve à la terre :
Il faut mourir, moriere !
……………………………..
Et l’on me parlera de gloire
A conquérir ! d’une mémoire
A répercuter dans l’histoire,
Devant ces haillons déchirés !
Ma gloire était quoi ? ta tendresse
Était mon bonheur : alors qu’est-ce
Tout le reste ? Ah ! Dieu, qu’on nous laisse
En paix mourir : moriere.
C’est bien là — n’est-ce pas ? — l’un de ces chants désespérés, l’un de ces purs et immortels sanglots dont Musset a parlé, le souffle d’un cœur que la douleur écrase, souffle qui, d’un frisson sublime, fait frissonner notre cœur, tandis que les larmes nous montent aux yeux…
- André Billy, « Les livres qu’on lit », in L’Œuvre, 5 juillet 1922, p. 5 :
[…] Pour Mlle Marie Noël, donc, la poésie, c’est un chant ; et de même pour M. Fagus, dont les vers se groupent d’eux-mêmes, si l’on peut dire, en couplets et en refrains. On connaît M. Fagus et l’œuvre abondante déjà de ce bon poète verlainien et villonien, de ce Parisien du Moyen Âge en qui l’humour et la ferveur mystique entrecroisent si joliment leurs rayons. Sa Guirlande à l’épousée nous apporte la fine fleur du beau jardin — plus jardin de curé que parc à la française — que M. Fagus cultive dans son cœur, cependant qu’il court Paris…
- ?, in La Grande Revue, novembre 1922, p. 171 :
Après la Danse macabre, le poème de mort, M. Fagus donne le poème de joie et de vie, la Guirlande à l’épousée (Amiens, Edgar Malfère). Sur des airs connus, il met des mots nouveaux, des mots, des mots. Son abondance est extrême ; et les fleurs dont il tresse la guirlande de l’épousée sont de toute saison, ont toutes les nuances. M. Fagus est un des poètes les plus poètes de ce temps. Il sait trouver l’image neuve et le rythme ; mais il ne sait pas toujours se restreindre et se discipliner. Quelques ronces se mêlent à ses fleurs. Il ne sépare point l’ivraie du bon grain. Peut-être, d’ailleurs, s’il le faisait, aurait-il moins d’élan, de vie, de poésie.
- Louis de Mondadon, « Revue des livres », in Études, 20 décembre 1922, p. 376 :
Une partie de ce recueil, la Prière des Quarante heures, avait paru il y a deux ans, aux éditions Gallus. Mes lecteurs me permettront de les renvoyer à un article du 5 octobre 1920 (En lisant les poètes). Ils retrouveront dans les pièces récentes les mêmes qualités que je louais dans les vers alors publiés.
Écharpes flottantes et ceintures décloses, la muse de Fagus court légère et souple, au rythme tantôt des vieilles chansons françaises, tantôt du caprice qui l’entraîne en des virevoltes imprévues. Elle s’accompagne de modulations variées, tandis qu’elle enlace, pour en composer sa guirlande, les couronnes symboliques, marguerites, myosotis, roses, épis, épines, lys célébrant tour à tour l’élan des premiers désirs, la suavité des fiançailles, la joie nuptiale, les angoisses et les allégresses de l’hymen fécond, et, pour finir, le deuil sur la tombe de l’épouse morte et la confiance en Dieu dans l’attente du jour éternel.
D’autres, c’est le plus grand nombre, n’admettent la poésie dans l’amour qu’au prix de la débauche ou tout au moins de la licence. Fagus exalte, non moins ardente, mais plus fière, parce qu’elle reste pure, la passion légitime selon l’ordre du mariage chrétien. Il a le tort de trop insister sur la peinture des délices charnelles. Sans intentions lascives, ses vers ne respectent pas toujours la pudeur.