1898 : Testament de sa vie première

Publié en 1898 chez Léon Vanier.
94 p.

Dessin de couverture : Fernand Gottlob.

L’indication « Œuvres de jeunesse » de la couverture est redoublée sur la page de titre, suivi d’un numéro laissant entendre que nous avons là le premier volume d’une série.

Ouvrage placé « sous / l’invocation / de son grand frère / Arthur Rimbaud / explorateur français / récemment massacré ».

Un avertissement : « L’auteur de cet intéressant florilège est mort ; c’était un bon garçon, très adolescent d’âge et plus adolescent de caractère, comme vous verrez ; des liaisons funestes l’amenèrent à se consacrer aux besognes d’art, et une logique trop juvénilement rigoureuse l’obligea de conformer sa vie à l’Esthétique ; de sorte qu’il sombra dans le pire Anarchisme, comme vous verrez aussi (Barrès n’avait pas découvert encore l’antinomie de la pensée avec l’action). Compromis, il obtint cependant son pardon en échange de son repentir et de la dénonciation de quelques camarades, et sous la stipulation de ne se plus commettre avec la littérature, inconciliable, en effet, avec une conversion sincère à une société égalitaire et démocratique, assise sur le suffrage universel. Il se fit, en conséquence, incorporer dans un journal patriote, et, aussitôt la condamnation d’Émile Zola, sans forfanterie comme sans faiblesse, il est allé chaque matin dans sa boite aux lettres insérer une lettre d’injures anonymes, nous proposant ainsi le consolant exemple : / d’ « Un poète mort jeune à qui l’homme survit ». / Juin 1898. »

Table des matières :

[« Sonnet : c’est un sonnet ; il vaut un long poème… »]

DEVOIRS D’ÉCOLIERS

Prière fervente avant d’entrer
[« Le printemps m’a percé le coeur… »]
Hymne nuptial
Obéron
Paysage lorrain
Variation autre sur le vieux thème
[« La Lune dispersant ses blancheurs ingénues… »]
[« Baisers d’eau, baisers verts de la Lune fluide,… »]
Vesper
La Symphonie en si b de Robert Schumann
Evening at ten o’clock
[« – Je chéris ma Main gauche parce qu’elle est la main oisive […] »]
Barcarole en nocturne
Acte de contrition
Vanité
Convictions politiques
Vision d’un midi d’Été

POTION POUR ÉVACUER

Cantique à la plus jolie
En gratitude du joli bonsoir et du plus joli sourire
Dévergondage d’Été
Dionysia
Vierge nubile
[« Une aube. Au délicieusement harassé réveil de l’amoureuse nuit […] »]
Idylle
[« Je passais hier soir place de la Bastille ; […] »]
Veille amoureuse
HG
Romance objurgative et comminatoire
Dysenterie

ONGUENT CONTRE LA GALE

Thalassa ! Thalassa !
[« – Je me révolte contre la chose précisément que révèrent tous mes frères : […] »]
Complainte des pauv’ gosses qui veulent pas aller à l’école
Ex-voto aux petites raffineuses de la rue de Flandre
Chanson de route à mes futurs frères d’armes
[« Ma sœur, le vent pleure à la vitre […] »]
Aristocratie
[« Quand on fut toujours vertueux […] » ]
Chanson de route
Carnaval Rouge
Vigile de fête Nationale
Morale

Le livre et la critique :

  • Gustave Kahn, La Revue Blanche, mai 1899, pp. 158-159 :

Voici un jeune poète qui se réclame d’Arthur Rimbaud et se place sous son invocation. Si l’on peut lui reprocher d’avoir un peu suivi son modèle sur une pente un peu dangereuse et d’avoir trop tenté d’extraire de la littérature de sujets qui ne la comportent guère, si ces sous-titres sont inutilement criards, et s’il y a là bien d’inutiles excès de parole, on conviendra qu’ils témoignent d’une certaine verve. Mais à ces truculences, je préfère de beaucoup les pièces simples de M. Félicien Fagus, celles où le satyrique désarme, pour simplement noter un paysage, un moment de l’heure qui le charme. Il a des instants de lune empreints de nostalgie en même temps et de bien-être physique qui sont d’un poète, et des vers sur Obéron qui montrent qu’il peut écrire des choses de rêve d’une plume agile avec des mots non prévus.

  • P. Saint-Marcel, Polybiblion, juillet 1899, p. 129 :

Fagus fait un sonnet qu’il dit selon les règles, par exception mais il ajoute :

Les règles je les chéris tant, qu’en les touchant
J’ai peur que tombent en poudre ces bonnes vieilles ;
Donc mon intention est de n’en user pas,
Mais tu formulerais, juge aux longues oreilles,
Que c’est par impuissance et je prévois ce cas.

Les dieux me gardent d’être ce juge aux longues oreilles ! Je me bornerai à citer :

Zut alors le printemps fait de l’impressionnisme !
Vieux gamin éternel et tant banalisé,
Dieu chéant en prudhomme, en démocratisé,
Grand seigneur mésallié qui te prends de lyrisme,
Tu veux donc te refaire une virginité ?
Va donc, eh raté !…

Cela est pris parmi les vers qu’on peut citer.

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