1898 : Colloque sentimental entre Emile Zola et Fagus

Publié en 1898 à la Société Libre d’Édition  .
124 p.

Dessin de couverture : Frédéric Front.

Ouvrage dédié « Au / Lieutenant-Colonel Picquart ».

En avertissement : « Le lendemain de la condamnation d’Émile Zola par les Parisiens, j’allai déposer une pièce de vers chez lui : j’en ai fait autant chaque jour ; je poursuivrai jusqu’au triomphe de l’œuvre à laquelle il s’est voué ; / Non que l’iniquité qu’il a entrepris de révoquer me révolte plus spécialement que pas mal d’autres dont nous sommes témoins : j’avoue qu’Étiévant, par exemple, m’est plus sympathique que le capitaine Dreyfus, ne serait-ce que parce que celui-ci est un officier ; / Ni parce qu’il s’agit d’Émile Zola : ma profonde estime pour le littérateur n’empêche pas que je n’admire plus que n’aime sa littérature : / Mais parce qu’Émile Zola a héroïquement manifesté le rôle que la génération littéraire dont je suis attribue à l’Artiste : missionnaire du beau sous toutes ses formes, éducateur-né du reste des hommes malgré eux-mêmes, et non le laquais amuseur qu’ils revendiquent ; vieille rébellion à réduire une fois de plus, de la foule contre ses maîtres naturels ; ainsi, c’est le principe même de l’Art qui est en cause : ne pas se déclarer est se déclarer contre, et l’Artiste qui reste neutre abjure son titre. Voilà le motif qui me fait publier un extrait de cette correspondance rimée. / Juin 1898.  »

Table des matières :

I. Vive la littérature !
II
III. Nulla dies sine carmine
IV
V. La Nuit de Ventôse
VI. Populus Rex
VII. Première aux béotiens : Symbolisme
VIII. Pétition
IX. Referendum
X
XI
XII. Vir
XIII
XIV. Tierce aux béotiens
XV. Quatrième aux béotiens : Complainte en forme de sonnet à cinq pattes, du Juré qui n’a pas été interviewé
XVI. Amende aux béotiens
XVII. Fragment
XVIII. Idylle
XIX. Anatole France
XXI. Sur l’air de la Grande Duchesse
XXII. Soir historique
XXIII. Ainsi fus-je au lendemain
XXIV
XXV. Excuses
XXVI. Presse probe et libre
XXVII. La Grande Complainte du Moi de Barrès
XXVIII. Argument rimés pour les « Rougon-Macquart » : Sonnet liminaire
XXIX. La Préface
XXX. « La Fortune des Rougon » : La Province
XXXI. « La Curée »
XXXII. « Le Ventre de Paris »
XXXIII. « La Conquête de Plassans » : Le Prêtre
XXXIV. Interlude I : Le Gala Ibsen
XXXV. « La Faute de l’Abbé Mouret »
XXXVI. « Son Excellence Eugène Rougon » : La Haute Politique
XXXVII. « L’Assommoir »
XXXVIII. Interlude II : L’Anniversaire
XXXIX. Interlude III : Connu la cassation
XL. Interlude IV
XLI. Doublet sur « L’Assommoir »
XLII. « Une page d’amour »
XLIII. « Nana »
XLIV. Interlude V : Colloque sentimental
XLV. Interlude VI : Pœan
XLVI. « Pot-Bouille » : Les Honnêtes Gens
XLVII. « Au Bonheur des Dames » : La Centralisation
XLVIII. « La Joie de vivre »
XLIX. « Germinal »
L. « L’Œuvre » : L’Éternel Raté
LI. « La Terre » : Le Paysan
LII. « La Bête humaine »
LIII. « L’Argent »
LIV. « Le Rêve »
LV. « La Débâcle »
LVI. « Le Docteur Pascal »
LVII
LVIII. Odelette d’avril
LIX
LXI. Mutations
LXII
LXIII
LXIV
LXV
LXVI
Lexique illustré des locutions latines
LXVIII
LXIX
LXX
LXXI
LXXII
LXXIII
LXXIV
LXXV
LXXVI
LXXVII
LXXXI. Dominicale Tierce
LXXXIII. Au salon
LXXXIV. Harmonie du soir
LXXXV. Bucolique
LXXXVII. A un mort
LXXXVIII. Départ pour Versailles
LXXXIX. La Diane pour réveil
XCI. Enfantillage
XCIII. A M. Gabriel M.
XCIV. A celui qu’on ne nomme pas
XCV. Peuple-Roi
XCVI. Dominicale Quarte
XCVII
XCVIII
XCIX. Pastiche baudelairien
C. Un peu de musique
CI. Déclaration d’amour à Gyp
CIII
CIV. Willy
CV
CVI
XCXIX. Madrigal aux culs-de-jatte
CIX
CX. Exercice sur les synonymes
CXI. P.P.C.
CXII. Protestation
CXIII. Querelle d’amoureux
CXIV. Bradamante Gavroche
CXV. Rosée rouge
CXVI. Sur Clémenceau
CXVIII. Provisoire Épilogue
CXXIX. Cartel P.P.C.

Le livre et la critique :

  • Henry D. Davray, in L’Ermitage, juillet-décembre 1898, pp. 371-372 :

Un Colloque sentimental entre Émile Zola et Fagus (?) débute par ces lignes : « Le lendemain de la condamnation d’Émile Zola par les Parisiens (I), j’allai déposer une pièce de vers chez lui : j’en ai fait autant chaque jour ; je poursuivrai jusqu’au triomphe de l’œuvre à laquelle il s’est voué… » Cent-dix-neuf fois Fagus dépose à la porte de M. Zola son élucubration quotidienne, voici un échantillon du genre :

C’étaient quatre canards protestant dans un coin ;
Et le premier canard dans son coin faisait : Coin !
Le deuxième canard dans son coin faisait : Coin !
Le troisième canard dans son coin faisait : Coin !
Et les quatre canards faisaient : coin-coin-coin-coin !!!

J’oubliai l’épigraphe qui surmonte le morceau : « Notre conscience nous dicte le devoir impérieux de protester avec indignation. » Ça ne peut même pas servir d’épilogue – Encore un auquel l’« Affaire » a tourné la tête. »

(I) Fagus doit être de Toulouse.

  • Paul Combes, in Le Bulletin de la presse française et étrangère, 6 octobre 1898, p. 421 :

Le titre ne dit pas assez ce qu’est le volume et ce qu’il vaut.
Ah ! la réconfortante lecture !
L’auteur a pris une poignée d’orties, et d’une main vigoureuse en a fouaillé cette meute de bassets qui, suivant la vigueur du coup de gueule, hurle, aboie ou jappe après ce grand homme – grand par son oeuvre littéraire, grand par son courage civique au milieu des Français de la décadence – que restera dans l’histoire Émile Zola.
Ces vers sont les lanières sifflantes et urticantes d’un martinet manié de main sûre.
Quel dommage qu’ils ne puissent être lus de tous, et que tous ne puissent voir les zébrures qu’ils dessinent sur les croupes avilies de pas mal de nos contemporains !

  • (?), « Bibliographie » in Le Siècle, 11 octobre 1898, p. 4 :

[…] une curieuse correspondance rimée adressée quotidiennement à Émile Zola par un inconnu qui l’admire. C’est curieux, encore qu’un peu anarchique. Mais l’anarchie des poètes n’a jamais été bien dangereuse.

  • G. R., « Les idées et les livres » in La Lanterne, 18 octobre 1898, pp. 371-372 :

Si l’histoire s’occupe un jour de la littérature éclose au souffle énervant et brûlant de l’affaire Dreyfus, elle rencontrera des œuvres singulières. Sous le titre hétéroclite qui précède, se présente une série de pièces de vers que l’auteur a une à une déposées (le mot est malheureux) chez M. Émile Zola depuis le jour de sa condamnation. Elles sont toutes à la gloire du maître et à la honte de ses adversaires. Non pas que ce poète quotidien se soucie autrement, nous-dit-il, de la personne de Dreyfus, qui a le tort grave d’avoir été officier ; il trouve l’anarchiste Etievant beaucoup plus sympathique.
Mais, par amour de l’Art (avec un grand A), il croit devoir noyer d’ordures et de vers exécrables, tous ceux qui ne pensent pas comme lui sur l’innocence du condamné. Il est à souhaiter, pour ceux qui réclament la révision du procès, qui la veulent franche et honnête (et j’en suis), qu’il n’y ait pas beaucoup de brochures comme celle-là. Elles seraient capables de ramener quelque sympathie aux pires défenseurs de la chose illégalement jugée. La notice qui accompagne ces élucubrations nous avertit qu’après les avoir lues on sera unanime à crier : « Un grand poète nous est né. » Qui donc a rédigé cette réclame ? Je ne veux pas le savoir. Mais encore ne faudrait-il pas se moquer du monde avec trop d’effronterie.

  • Octave Charpentier, Revue comique normande, 3 décembre 1898, p. 6 :

Ce panégyrique d’un livre dédié au Lieutenant-Colonel Picquart – livre manifestement dreyfusard – fera peut-être élever contre moi le cri de : Mort au traître ! mais tant pis – D’ailleurs, c’est vrai ! je le dis tout haut, j’ai touché au guichet du syndicat… Inutile, gros malins, de m’interroger du regard, vous n’en saurez pas l’adresse.
Donc, c’est vrai, j’ai touché… et l’ami Fagus aussi. Et ça ne l’a pas empêché d’écrire un livre excellent, d’une violence parfois superbe, d’une passion très haute, où le souci de l’Art pur donne aux trivialités brutales et voulues une puissance nerveuse qui est encore de la beauté.
Eh ! oui, Fagus a touché, c’est évident ; il a reçu de la Nature plus encore que de la Caisse du Syndicat… il a reçu du talent, beaucoup de talent.
Cependant l’or abject du Syndicat a souillé des mains d’artistes : il l’avoue avec cynisme. Écoutez plutôt :
« J’ai reçu deux cent mille francs du Syndicat. Plus, pour pourvoir à ma défense personnelle, une cravache, une nasse forme nouvelle, de l’onguent-gris et des gants en gutta percha…… »
Hein ! c’est clair !
Sale vendu ! va !
N’empêche !.. les éditions s’épuisent et les plus pressés n’en auront pas.

  • A. Girard, « Bibliographie », in Les Temps nouveaux n°36, supplément littéraire, 31 décembre 1898, p. 464 :

« Le lendemain de la condamnation d’Émile Zola par les Parisiens, dit l’auteur en sa préface, j’allai déposer une pièce de vers chez lui : j’en ai fait autant chaque jour ; je poursuivrai jusqu’au triomphe de l’œuvre à laquelle il s’est voué. » C’est cette correspondance rimée qu’il nous révèle. Avec une verve, un esprit et un entrain endiablés, une causticité, une ironie souvent et justement cruelles, le poète bafoue et cravache de ses sarcasmes et de son mépris les principaux moniteurs de la meute vile et lâche qui hurlait aux chausses de Zola, s’efforçant d’atteindre, pour les mordre, à ses talons. En toute liberté, il crache son dégoût à la face des plus marquants de la presse immonde que Zola, lui aussi, souffleta avec tant de vigueur. Il exhale son enthousiasme pour l’acte si haut et si noble de Zola, et tout cela est dit dans une langue d’une concision et d’une souplesse remarquables, avec une aisance et une désinvolture qu’un certain débraillé prosodique intentionnel rend encore plus piquantes.
Ce livre curieux, original, le poète a cru devoir l’écrire « parce qu’Émile Zola a héroïquement manifesté le rôle que la génération littéraire dont je suis attribue à l’Artiste : missionnaire du Beau sous toutes ses formes, éducateur-né du reste des hommes malgré eux-mêmes, et non le laquais amuseur qu’ils revendiquent ; vieille rébellion à réduire une fois de plus, de la foule contre ses maîtres naturels ; ainsi, c’est le principe même de l’Art qui est en cause : ne pas se déclarer est se déclarer contre, et l’Artiste qui reste neutre abjure son titre ».
Nous sommes ici en communion d’idées et de sentiments avec Fagus.

  • Léon Hennericq, « Chronique littéraire », in L’Humanité nouvelle, janvier 1899, pp. 88-89 :

[…] Faire une chronique littéraire sur ces marchandises ! Comment voulez-vous que je parle de Plus que de l’amour de M. Jean Rameau ? de la Charmeuse de M. Denoinville, du Colloque sentimental entre Émile Zola et Fagus, vague pamphlet qui fait penser à de médiocres virulences du début du second empire […] Je ne pourrais ni en dire du bien, ni du mal. C’est du produit négociable ; c’est dans le commerce, c’est susceptible de bénéfine. Ca relève des agences de publicité. Bonsoir ! […]

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