Louis Chaigne, Anthologie de la Renaissance catholique

  • Louis Chaigne, extrait de l’Anthologie de la Renaissance catholique, vol.1 : Les Poètes. Editions Alsatia, 1946. pp. 100-101 :

F A G U S
Pseudonyme de Georges Faillet
NÉ DE PARENTS FRANÇAIS, À BRUXELLES, LE 22 JANVIER 1872,
MORT ACCIDENTELLEMENT À PARIS, LE 9 NOVEMBRE 1933

Fagus, dont je revois l’œil bleu et le manteau à capuchon, dont j’entends la voix, hésitante et bégayante, articulant des paroles de génie, Fagus continuait parmi nous Villon, Verlaine et Germain Nouveau. Volontiers gaillard et gaulois, mais stigmatisant ainsi le mal, la lèpre humaine, il plongeait dans le ciel et interrompait ses gaudrioles pour nous faire entendre la voix pure des chérubins. Homme du moyen âge et enfant du siècle éternel. La cathédrale, au pied de laquelle il se tenait humblement, assurait l’accord et faisait l’unité. Il y a beaucoup de désordre, d’obscénités et de graves fautes de goût dans l’œuvre de Fagus, qui est tout entière le commentaire de ces mots : STAT CRUX DUM VOLVITUS ORBIS mais elle est marquée du signe de la grandeur et nous communique les frissons bouleversants d’un monde invisible plus réel que les apparences.

NOTE BIOGRAPHIQUE. — Le père de Fagus, Georges Faillet, qui, sous la Commune, avait cherché refuge a Bruxelles, fut plus tard conseiller municipal du quartier de l’Hôpital Saint-Louis, à Paris. Il fut apprécié comme tel, et ses travaux d’historien furent estimés. Le futur poète devait être lui-même expéditionnaire à l’Hôtel-de-Ville. Longtemps anarchisant, il devait aboutir au catholicisme et au nationalisme intégral. Sa vie fut marquée de difficultés, de maladies, de deuils cruels. Pendant la guerre de 1914-1918, il fut mobilisé et resta au front de combat, sur son insistance, au-delà de l’époque où les territoriaux de sa classe furent envoyés à l’arrière. Il venait de quitter l’Administration lorsque, le 9 novembre 1933, il fut renversé par un lourd camion automobile dans cette rue Visconti où il habitait et qu’il aimait tant.
BIBLIOGRAPHIE. — Testament de sa vie première, poèmes (Vanier, 1898). — Colloque sentimental, poèmes (Société libre éditions, 1898). — Ixion, poème (La Plume, 1903). — Jeunes Fleurs, vers (Revue de Champagne, 1906). — Aphorismes (Sansot, 1908). — Discours sur les préjugés ennemis de l’histoire de France (Occident, 1909). — Politique de l’histoire de France (Occident, 1910). — La Prière des quarante heures (Gallus, 1920). — Le Jeu-partie de Futile, vers (La Belle Editions, 1920). — La Danse macabre (Malfrère, 1920). — Jonchée de fleurs sur le pavé du Roi (Nouvelle Librairie nationale, 1921). — La Guirlande à l’Épousée (Malfère, 1921). — Frère Tranquille (Malfère, 1922). — Essai sur Shakespeare (Malfère, 1923). — Les Éphémères (Le Divan, 1925). — Le clavecin bien tempéré (Malfère). — Les Églogues de Virgile (Bernouard, 1930).
À CONSULTER. — Le Divan, numéro de mai 1925, tout entier consacré à Fagus. — Henri Martineau : Préface à la Correspondance de Fagus (1934).

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