[anonyme], « Le souvenir de Fagus »

  • [anonyme], « Le souvenir de Fagus », Paris-soir, 12 novembre 1943, p. 2 :

Après avoir célébré l’anniversaire de la mort d’Apollinaire, voici que les amis de la poésie peuvent évoquer aujourd’hui le souvenir d’un autre lyrique de moindre envergure, mais dont beaucoup de vers n’en méritent pas moins de chanter dans notre mémoire.
Il y a dix ans, Fagus mourait renversé par un camion près de son domicile parisien.
Tous ceux qui l’ont connu n’ont pas oublié le poète délicat qui se cachait derrière cet être bourru, à l’accoutrement bizarre et dont les traits ont été fixés par Tristan Klingsor et Lucy Humbert. Comme celle-ci faisait son portrait, un jour de l’année 1932, le bon poète lui déclara mi-sérieux, mi-badin : « Hâtez-vous de l’achever, car il doit me succéder. Je sais très bien, ma chère amie, ce qui m’attend : je mourrai écrasé par quelque méchante automobile. »
Qui donc a dit qu’en tout poète il y avait un prophète ?

Commentaires fermés.