- Francis Carco, extrait de La Nostalgie de Paris [1941]. Gallimard, 1952. pp. 156-157 :
Robert de La Vaissière qui est mort écrasé — comme Fagus d’ailleurs — par un camion, m’accompagna plus tard dans ces promenades nocturnes dont nous revenions à l’heure, chère à Nerval, où
Le matin n’est plus, le jour pas encore…
Fagus était un homme du moyen âge. Sa longue pèlerine mouillée dont les pans oscillaient sur ses talons, son vieux chapeau roussi, ses yeux bleus, sa barbiche jaune et son amour du vin d’Anjou resteront légendaires. Je le rencontrais au Divan, chez Martineau, rue Bonaparte. Il parlait d’une voix de tête, s’exaltait à propos de tout, s’agitait puis brusquement nous quittait du pas d’un homme qui se rend à l’office ou au bar le plus proche pour se faire servir un verre de vin blanc. La Vaissière avait très grand air. Comme disent encore les douairières, on le sentait « né ». Le 13 octobre 1937, veille de son accident, il m’avait envoyé une lettre que je reçus après l’avoir vu mort. Un ami m’avait en effet averti qu’on venait de le transporter à l’hôpital Boucicaut et je m’étais rendu chez le directeur, qui m’affirma que le malheureux avait eu la cuisse gauche broyée et que son sang « était parti d’un coup ». […]