- Georges Le Cardonnel, « La mort du poète Fagus », Le Journal, 11 novembre 1933, p. 6 :
Fagus vient de mourir, écrasé par un camion, deux jours après Jehan Rictus. C’est un grand poète que nous perdons, dont l’existence était trop ignorée du grand public.
Il est vrai que Fagus ne fit jamais rien pour acquérir la renommée factice si facilement dispensée aujourd’hui. Peut-être l’homme pittoresque, le curieux personnage qu’il était laissaient-ils trop facilement oublier le génie qui l’habitait.
De son vrai nom Georges Faillet, il était né le 22 janvier 1872 à Bruxelles, où son père, qui avait pris une part active au mouvement de la Commune, était venu se réfugier. Son père, revenu à Paris après l’amnistie, devint alors conseiller municipal pour le Xe arrondissement. Fagus, qui ne fit d’autres études que celles de l’école communale, entra très jeune comme employé dans les bureaux de la préfecture de la Seine. C’est seul qu’il se forma pour devenir un poète savant en même temps qu’il était un poète inspiré, qui possédait le don, lequel ne s’acquiert pas.
Ses principaux recueils en vers et en prose, Testament de sa vie première, Ixion, Frère tranquille, la Danse macabre, la Guirlande à l’Épousée, Essai sur Shakespeare, une traduction des Églogues de Virgile, le Mystère royal de Philippe-Auguste, etc., assureront à Fagus l’une des premières places parmi les poètes de ce temps.