Jacques Bergeal, « Fagus »

  • Jacques Bergeal, « Fagus » in Poésie n°10, octobre 1933, p. 183 :

C’est une grande tâche que de présenter en quelques lignes un poète aussi splendide, aussi varié que Fagus, « l’homme du moyen-âge », le petit hôte de la rue Visconti qui « nourrit en lui un génie » selon l’expression d’André Thérive.
Il fut dans sa jeunesse collaborateur de Willy, de Paul Fort comme de Virgile et de Touroulde ; mais parmi tous les divers mouvements littéraires qu’il traverse, Fagus resta luimême, c’est-à-dire un poète profondément original, doublé d’un grammairien et d’un érudit dont de nombreuses pages resteront.
Aux yeux de Fagus, il n’y a qu’une époque qui mérite d’être analysée, chantée, prisée, dominant les lettres françaises : le Moyen-Âge. Très près lui-même des poètes médiévaux par l’inspiration, il blâme tout ce qui s’éloigne de la sincérité, en particulier Ronsard, Malherbe, Victor Hugo et leurs écoles diverses.
Il publia Testament de sa vie première, Colloque sentimental (Vannier, 1898) ; La Prière de quarante heures (Gallus) ; Ixion (la Plume), Jeunes Fleurs, Aphorismes (Sansot), Pas perdus (le Divan) et enfin ses dernières œuvres qui, publiées chez Malfère, mirent son nom dans la bouche de tous les vrais poètes : « Clavecin », La Danse macabre, Frère Tranquille, La Guirlande à l’Épousée, Frère Tranquille à Elseneur. Il traduisit également en vers modernes La Chanson de Roland et les Églogues de Virgile.
Bien que poète profondément chrétien, Fagus a souvent eu la dent dure dans ses chroniques : ce qui lui a procuré quelques ennemis. Peu d’ailleurs, car sa bonté véritable n’a d’égale que sa modestie exagérée.
L’illustre auteur des Ballades Françaises, Paul Fort, me disait récemment : « Fagus, ce génie, vous l’embrasserez lorsque vous le verrez ! ».
En entendant cela, je ne pensais pas que ce serait ici, dans Poésie, que j’exaucerais ce désir.

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