- Henri Clouard, « Fagus – né en 1872 » in Les Marges n° 163-165, janvier-mars 1928, p. 45 :
Fagus est gothique. Le génie monstrueux et désordonné qui conçut les cathédrales, « faites d’ombre et d’ossements », ce génie, ennemi de l’architecture et de la raison helléniques, le soulève et l’emporte vers les Sabbats. Sabbats modernes où l’on rencontre, à côté d’un compagnon récemment dépendu de Villon, les tourmentés d’Alighieri, les sorcières de Shakespeare, les démons charnels de Rops et quelques désolés Pierrots de Laforgue. Le lieu nuageux et nocturne où se réunissent ces personnages n’étant assurément pas un arcadien séjour de paix et d’harmonie, la poétique de la « Danse macabre » ou du « Frère tranquille », tracassée comme sur un chevalet, fait entendre, le plus souvent, la clameur des sept péchés infernaux, et pénètre le lecteur jusqu’à l’âme. Mais Fagus est catholique, comme tous ceux qui croient au diable, et le désir de la pureté le poursuit autant que l’impureté le tourmente. Il se retire alors dans la chapelle la plus humble ; sous la douce lueur d’huile de la veilleuse, il y invoque Verlaine et fredonne avec le bon patron des poètes coupables une chanson naïve qui berce le sommeil de l’enfant Jésus.