- Orion, « En hommage à Fagus », L’Action française, 28 mai 1925, p. 4 :
Le numéro que le Divan a consacré à Fagus est illustré du beau portrait de Tristan Klingsor et de quelques pièces du poète, où vous admirerez ses deux deux veines, la lyrique et la gaillarde. Deux poètes, Derème et Francis Eon ont choisi de parler à Fagus dans sa langue de prédilection : ils ont rimé un portrait et une ode. Léon Deffoux et Henri Martineau ont raconté des souvenirs : vous connaîtrez les mœurs et le costume de Faus, en les lisant, vous connaîtrez un peu de sa vie, beaucoup de son cœur. Bonne caboche obstinée, toujours prête à prendre feu pour une « bonne cause », Fagus s’est enfin fixé dans l’idée royaliste et dans la foi chrétienne. Dans les erreurs de sa jeunesse, il eut toujours sa générosité, son désintéressement. Henri Strentz nous révèle qu’il est musicien accompli, qu’il a dans ses tiroirs des compositions, que la musique le disputait à la poésie, lorsqu’il avait vingt ans. Et les autres étudient ses œuvres, vers et prose : Guy Lavaud, La Danse macabre, Alphonse Métérié, la Guirlande à l’Épousée, Jean Lebrau, Frère Tranquille, Philippe Chabaneix, le Clavecin bien tempéré (encore inédit), Lucien Dubech, l’épistolier, Dussane, le commentateur de Shakespeare, Pierre Lièvre, le chroniqueur, Edmond Pilon, l’historien, Eugène Montfort et Georges Le Cardonnel ont déclaré leur admiration et deux études d’ensemble achèvent le numéro, l’une en tête, l’autre à la fin. La première, d’Eugène Marsan, pour servir de préface, voue le petit volume au poète-né ; la seconde, d’Henri Rambaud, recherche le chrétien dans le poète.
Citons au moins quelques traits essentiels. Voici l’homme (par Deffoux) : « la silhouette de Fagus, son béret, sa pèlerine, son regard bleu, sa petite barbe blonde, son allure circonspecte. » A l’aurore de sa carrière, sous le fameux capuchon. Strentz l’a vu « qui affichait par son front baissé, ses mains en retrait, l’attitude expectante d’une nature difficile sur le choix de ses relations. » Fagus est le contraire d’un homme facile. Lavaud le compare à Mithouard, à Louis Le Cardonnel, à Verlaine. Métérié observe qu’il faut se placer, pour le juger « sur le double plan du ciel et de la terre. » Et Lebrau : « Fagus a trouvé dans ses angoisses quelques-un des plus beaux vers de la poésie catholique. » Et Chabaneix : « Il rend un son lyrique où se reconnaît magnifiquement la marque secrète et poignante du XXe siècle à son début. » Et Dubech : « A toutes ses vertus, Fagus joint encore celle-là, il montre combien la liberté et la raison font bon ménage. » Et Rambaud : « Avec ses balbutiements et ses roueries ingénues, avec ses excès et ses manques, c’est le chant tout naïf d’une âme, le miracle de la poésie qui va du cœur au cœur. »
Encore un Divan qui sera précieux.